Le
Maître-Autel de l’église Saint-Denis d’Airaines 1882.
Nous recevons la
lettre suivante, que nous nous empressons de publier.
Monsieur le
Chanoine,
Le jour de Pâques on faisait à Airaines, dans l’église
principale, l’inauguration d’un maître-autel, dû au ciseau de
Monsieur Verlinden d’Anvers.
Construit dans le style si riche du
XVème siècle, cet autel est tout en marbre blanc et en bronze doré.
Parfaitement conçu sur les proportions du sanctuaire, rien ne parait
laisser à désirer, comme coup-d’ œil d’ensemble ou comme
pureté de ligne. Il serait même difficile d’imaginer quelque
chose de plus noble et de plus en rapport avec la divine victime de
nos autels que cette blancheur du marbre harmonieusement combinée
avec l’éclat de l’or.
La table de l’autel repose sur un
bas-relief représentant la Cène. Ce bas-relief, en marbre de
statuaire, d’une blancheur transparente, se détache sur le fond
d’or qui fait mieux ressortir les personnages. Cette combinaison
nous a paru d’autant plus heureuse que souvent le bas de nos autels
est peu ou mal éclairé.
L’artiste s’est inspiré du
moment où, le Christ prend dans ses mains divines le pain qu’il
bénit. C’est le moment solennel. Aussi faut-il renoncer à
dépeindre le tableau qu’on a là sous les yeux. Le regard
émerveillé contemple d’abord, puis se porte avec satisfaction
d’un personnage à l’autre, devinant facilement, sous le marbre
qui s’anime, les sentiments divers qui pénètrent chacun de ses
apôtres avec art autour du divin Maître.
Cette pièce importante de l’autel,
révèle dans son auteur une connaissance approfondie de l’art,
éclairée par une sincère piété. Elle nous a rappelé le talent
si pur et le savoir-faire si noble des frères Duthoit, ces grands
artistes dont Amiens est justement fier.
Citons encore les deux anges, portant des candélabres, également en
marbre de Carrare, placés de chaque côté du retable.
Le pinacle de tabernacle s’élève légèrement, à une hauteur de
six mètres, au milieu de clochetons légers, relevés de choux
dorés, sa croix va se perdre dans les feux des riches émaux de la
verrière absidale.
Cet autel a été élevé par les dons volontaires des
paroissiens d’Airaines, chacun a voulu contribuer à son érection :
le pauvre comme le riche.
Aussi n’ai-je pas besoin de vous
dire que toute la Paroisse était là émue et palpitante, l’église
n’était pas seulement pleine, elle était trop petite.
Une société d’amateurs avait étudié pour la circonstance la
messe en musique de Fauré, ils ont dû accomplir des prodiges pour
arriver à ce résultat si satisfaisant. Nous formons un vœu :
c’est de les voir persévérer et prendre bientôt le titre
d’Orphéon.
Signé : X
Extraits
du Journal du Dimanche du 16 avril 1882, archives diocésaine Bl. de
Beauvillé Amiens.
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